[RP ouvert à tous ceux qui le désirent et qui connaissent bien Fleur ou Léonin. Il s'agit du dernier RP de Fleur avant que sa joueuse ne quitte le jeu. Mort RP : le 15 février 1459. Éradication du jeu : le 2 mars. Pour participer, envoyez une missive IG à Fleur ou Léonin qui posteront pour vous en PNJ ou qui vous donneront l'adresse de leur forum si telle est votre volonté. Bon jeu et bonne continuation à tous]

[Pontarlier - Jour du grand départ]

Le 19 janvier 1458, Fleur avait envoyé sa démission par missive scellée à Aslan, alors Franc-Comte. Elle ne tolérait plus qu'on lui dise quoi faire alors qu'elle avait offert son aide pour assurer la sécurité du Comté. Le ton pédant du CaC, qui venait d'être nommé gouverneur pour monter une armée à Dole, l'avait comme refroidie et dégoûtée de cette nouvelle politique à vouloir écraser les autres car ils ne pensaient pas comme eux. La liberté de penser était en train de se perdre en Franche-Comté. Il suffisait de ne point être en accord avec les impérialistes pour que des menaces de destitution étaient proférées. Il était triste de vivre dans ce Comté qui était autrefois si brillant et dont la splendeur dépassait ses frontières. Jamais, elle n'avait voulu paraître plus intelligente que les autres, et encore moins rabaisser qui que ce soit, mais certains s'en donnaient un malin plaisir. Ce fut la goutte de trop... déjà qu'elle était en désaccord avec la politique menée pour soit disant récupérer Annecy, alors se faire dire qu'elle devait aller à la pêche aux ordres, il ne fallait point exagérer. Sa démission fut perçue pour certains comme une désertion en temps de guerre et qu'elle devait être traduite en cour martiale... sauf qu'ils n'avaient pas l'air de savoir qu'un gouverneur relevait du civil et non de l'armée, et que sans déclaration spécifique de la FC ou de Genève déclarant la guerre à l'autre, il n'y avait pas guerre entre le Comté comtois et le canton genevois. Sa défense ne serait donc pas difficile. Cependant, ces menaces lui laissaient un goût amer, surtout après avoir servi son Comté avec autant de ferveur qu'elle l'avait fait. Elle se fichait d'avoir des titres, ce n'est pas ce qui lui importait, mais une reconnaissance juste de son travail lui suffisait. Le reste n'était que bout de papier et des devoirs qui bien souvent l'enchaînaient plutôt qu'autre chose. Elle finit tout de même par se mettre d'accord avec le Franc-Comte concernant l'avenir de son armée "Ad Memoriam Rana". Il avait concédé à lui faire une missive publique scellée de sa main afin qu'elle ne soit point inquiétée. À vrai dire, même si elle avait été poursuivie, elle ne voyait pas comment elle aurait pu être condamnée puisque de toute manière il était certain qu'avant même la procédure, elle aurait succombé à sa maladie mystérieuse.

Seigneuraslan a écrit:

C'est bon, c'est signé

Citation :

Nous Seigneuraslan, Franc-comte en exercice, et Fleur de Monmouth actuelle gouverneur de l'armée "Ad Memoriam Rana", avons convenu des modalités de sortie de l'armée "Ad Memoriam Rana" suite à la démission du Gouverneur Fleur intervenu le 19 janvier 1459.

Étant donné que la Franche-Comté n'est certes pas en guerre mais sur le qui-vive depuis le récent conflit, nous l'autorisons à la démilitarisation. Le contrat ne sera pas mis en sommeil comme c'est le cas souvent en pareille situation, mais complètement annulé à la destruction de ladite armée. Tous les accès seront retirés au Gouverneur Fleur de Monmouth qui sera alors libre de disposer du peu de temps qu'il lui reste devant elle.

Il est entendu que jusqu'à cette destruction effective, la Gouverneure Fleur de Monmouth respectera ses engagements envers le Franc-Comte et suivra ses ordres. Il est entendu également que le Franc-Comte prend note que la Gouverneur Fleur de Monmouth renonce à être payée jusqu'à la destruction de son armée ; nous n'irons pas à l'encontre de ce qui motive notre Gouverneur à ce choix.

Aristote nous est témoin!

Fait à Vesoul et Pontarlier, le vingt-troisième jour de janvier de l'An MCDLIX

Par Seigneuraslan
Franc-Comte de Franche-Comté



Par Fleur de Monmouth
Gouverneure "Ad Memoriam Rana"

Imladris a écrit:

Citation :

Nous Seigneuraslan, Franc-comte en exercice, et Fleur de Monmouth actuelle gouverneur de l'armée "Ad Memoriam Rana", avons convenu des modalités de sortie de l'armée "Ad Memoriam Rana" suite à la démission du Gouverneur Fleur intervenu le 19 janvier 1459.

Étant donné que la Franche-Comté n'est certes pas en guerre mais sur le qui-vive depuis le récent conflit, nous l'autorisons à la démilitarisation. Le contrat ne sera pas mis en sommeil comme c'est le cas souvent en pareille situation, mais complètement annulé à la destruction de ladite armée. Tous les accès seront retirés au Gouverneur Fleur de Monmouth qui sera alors libre de disposer du peu de temps qu'il lui reste devant elle.

Il est entendu que jusqu'à cette destruction effective, la Gouverneure Fleur de Monmouth respectera ses engagements envers le Franc-Comte et suivra ses ordres. Il est entendu également que le Franc-Comte prend note que la Gouverneur Fleur de Monmouth renonce à être payée jusqu'à la destruction de son armée ; nous n'irons pas à l'encontre de ce qui motive notre Gouverneur à ce choix.

Aristote nous est témoin!

Fait à Vesoul et Pontarlier, le vingt-troisième jour de janvier de l'An MCDLIX

Par Seigneuraslan
Franc-Comte de Franche-Comté



Par Fleur de Monmouth
Gouverneure "Ad Memoriam Rana"

Aussi, le 1er février 1459, elle mit fin à son armée "Ad Memoriam Rana". Elle remercia ses soldats pour les services qu'ils lui avaient rendus. Elle fut étonnée de ne pas avoir de commentaires sur ses recrues peu ordinaires. En effet, il s'agissait de la plupart de batraciens, et oui des grenouilles en mémoire à son amie feue Améliane de Censorel. Peu avant sa mort, elle avait recueilli les protégées de son amie, et leur avait offert le gîte et le couvert. Elle les remercia chaleureusement et leur offrit une retraite bien méritée en leur léguant l'étang de Quingey qui se trouvait au fin fond du domaine. Elle était sûre que son époux et ses enfants n'y verraient aucun inconvénient. Elle avait même donné des ordres précis aux rares serviteurs du domaine pour que ces charmantes rainettes ne manquent de rien. Une fois, la chose réglée, elle leur fit ses adieux, leur expliquant qu'elle ne les reverrait jamais et rejoindrait leur maîtresse d'autrefois qu'elle saluerait pour elles. Puis, s'éloignant au plus vite de cet étang qui renfermerait des souvenirs à jamais, elle entra dans sa demeure où elle demanda à sa gouvernante Élie, de préparer ses malles et celles de ses enfants et de les rejoindre à Sellières dès que ce serait fait. Le Vicomte avait organisé une cérémonie d'anoblissement qu'elle ne pouvait manquer. Le départ aurait lieu après les festivités. Ils passeraient la nuit à Pontarlier, qu'ils auraient rallié après les festivités. Or de question de remettre à plus tard, leur départ. Son temps était compté et elle désirait plus que tout passer ses derniers instants aux côtés de son époux qu'elle aimait plus que tout et de ses enfants. D'ailleurs, Fleur s'était esquivé de Sellières en douce pour mettre en ordre ses affaires à l'insu de son époux. Elle avait détruit son armée, en jetant au feu l'oriflamme qu'elle avait été fière d'arborer pour le Comté, préparé son testament qu'elle avait fait validé à l'Hérauderie Impériale, afin que tout soit en ordre et que son époux ne soit point lesé après son décès, puis avait galopé jusqu'à Sellières où devait se tenir la cérémonie d'anoblissement.

Citation :

Nous, Fleur de Monmouth, saine d’esprit et de corps au moment de la rédaction de cette lettre, souhaitons rédiger un testament, afin que nos dernières volontés soient respectées le moment venu. Nous aimerions choisir Caro de la Rose Noire, Baronne douairière d’Autry et Dame de Toulouse-Château, comme témoin, afin qu’elle puisse authentifier cet écrit.
Si Aristote décidait de nous rappeler à lui peu importe le moment, nous souhaiterions que notre époux, Leonin de Monmouth soit nommé tuteur légal de nos jumeaux, Robin et Flora nés d’un précédent mariage et dont leur père est aujourd’hui décédé. Nous aimerions également que la Baronnie de Quingey dont nous bénéficions du douaire jusqu’à la majorité de nos jumeaux, Robin et Flora, soit géré par notre époux Léonin de Monmouth, en tant que tuteur légal des jumeaux après notre disparition jusqu’à la majorité de Robin ou de Flora, advenant le cas où l’un ou l’autre serait dans l’incapacité de la gérer.
Nous souhaiterions que notre seigneurie Villers-Farlay revienne à notre enfant à naître et qu’elle soit également gérée par notre époux Leonin de Monmouth.
Quant à nos biens, nous envisageons de les distribuer de notre vivant pour autant que ce soit possible.
Malgré la tristesse et la douleur qui habiteront le cœur de notre famille, de nos amis et des personnes qui nous auront côtoyée, nous souhaitons que vous sachiez que nous avons été heureuse de partager de bons moments avec vous tous et que nous vous aimons énormément.


Fait à Dole, le 26 janvier de l’An de grâce 1459


Signature de la personne intéressée :

En route, elle fut prise de mini-contractions... elle dut se reposer une bonne vingtaine de minutes avant qu'elles passent... et la cérémonie commençait dans deux heures... et le domaine était à une bonne demi-heure. Si elle devait arriver en retard, pas sûre que son époux lui pardonne aussi attentionné et charmant qu'il était. Elle se remit en selle dès qu'elle put et galopa à tombeau ouvert jusqu'au domaine de son époux. Elle mit un pied à terre, confia sa jument à un palfrenier et entra par la porte de service. Elle courut ou presque jusqu'à la chambre où elle tomba nez à nez avec son époux qui contre toute attente ne la houspilla point mais lui ordonna gentiment de se presser à s'habiller. Chose qu'elle fit. Élie venait d'arriver avec les enfants de Quingey. Aussi l'appela-t-elle pour se vêtir et lui donna les instructions pour après les festivités d'anoblissement.

La cérémonie se déroula dans une ambiance sereine. L'Archevêque Nufilen et l'amie de son époux, Aicelina, furent annoblis. Elle fut d'ailleurs ravie que Léonin ne retente pas le baiser vassalique sur ses nouveaux vassaux mais se contente d'une accolade pour les deux. Elle lui sourit pleine de reconnaissance. Une fois, la cérémonie terminée, ils prirent place dans la salle de réception où un festin les attendaient. Tard dans la nuit, chacun se sépara. Enfin, il fut entendu que les vassaux et leurs invités passeraient la nuit au domaine où une chambre leur avait été préparée. Quant aux de Monmouth, ils prirent la route de Pontarlier et passèrent la nuit ou du moins ce qu'il en restait, dans une charmante auberge.

Vers une heure avancée de l'après-midi, armés de leurs bagages et des enfants, ils prirent la route vers Grandson, première étape avant de rallier Lausanne, où Fleur avait insisté d'aller. Elle voulait finir ses jours dans la ville qui l'avait recueillie quant elle était une toute jeune fille, elle désirait mourir en son sein... sans pour autant l'avouer à sa famille. Elle fit parvenir une missive à Caro pour lui indiquer qu'elle serait à compter du 3 février 1459 à Lausanne, dans une petite maison au bord du lac qui se nommait "À la rose et au jardinier".

Citation :

Ma chère Caro, ma chère soeur,

Je dois t'avouer qu'il m'est de plus en plus dur de me savoir condamnée et de le cacher à mon époux, mais je refuse de le voir changer à cette annonce et que son amour fasse place à de la pitié. Je préfère finir mes jours à ses côtés sans qu'il se rende compte de rien, profitant de notre amour sans arrière pensée. Nous venons d'arriver à Lausanne, la terre qui m'a accueillie lorsque j'étais une toute jeune fille. Nous résidons près du lac aux poissons volants, dans une simple masure nommée "À la rose et au jardinier". Tu pourras nous rejoindre dès que tu seras libre de l'armée comtoise. Je t'aime ma belle et merci pour tout ce que tu fais pour moi.

Je t'embrasse bien affectueusement.

La cérémonie dans le château de Sellières venait de se terminer. Fleur l'avait passée assise sur une chaise à côté de lui et il s'était un peu occupé d'elle quand ses obligations ne l'obligeaient pas à s'éloigner d'elle. Mais évidemment, comme à chaque fois qu'il préparait un buffet il en profitait, parfois un peu trop. Il était tellement content pour cette journée là, d'avoir anobli des gens qu'il appréciait. En fait de buffet, finalement ce fut un vrai festin. Son cuisinier fort en gueule et qui se faisait respecter par le Vicomte, savait préparer les fêtes. Ce fut grandiose et très copieux. Mais eux, Léonin et Fleur, ne devaient pas rester. Alors dans la nuit, après que tous les invités soient partis, ils prirent la route pour Pontarlier où il arrivèrent très tard pour dormir.

La nuit ne fut pas longue et dès que le soleil fut levé, ils reprirent le chemin pour la seconde nuit, cette fois-ci à Grandson. La journée passa rapidement pour Léonin, il en profita pour regarder le paysage tout en surveillant Fleur pour qu'elle ne soit pas trop fatiguée. Lors de la seconde nuit, dans une auberge de Grandson, il commanda la plus belle chambre du lieu. C'était d'ailleurs la seule disponible. Il s'occupa avec attention de Fleur passant pour sa part au second plan. Plusieurs fois dans la nuit il se réveilla et il la regarda dormir. Il eut un pincement au coeur en se rendant compte qu'elle n'était pas tranquille en dormant, qu'elle semblait soit soucieuse ou ... Malade ...

Un nouveau matin, en Suisse, pour les deux tourtereaux et il se levèrent. Léonin ne préféra ne pas en parler à Fleur de ce qu'il avait ressenti pendant cette nuit-là. Et comme chaque jours, il l'aida à s'habiller avec un plaisir non feint. Puis, s'adressant à elle d'une voix douce :

Alors ma chérie que j'aime ... Prête à continuer le voyage ? Cette fois-ci il va falloir que tu nous montre le chemin parce qu'on ne connait pas ... Jusqu'à présent c'était facile ...

Et voilà c’en était terminé. La veille nous étions revenus de notre escapade de neuf jours en tant que MA pour aider Lara. Partir de la Franche-Comté m’avait fait du bien et j’osais espérer enfin et surtout que de voir autre chose me ferait le plus grand bien.

Le voyage s’était déroulé sans encombre mais il n’avait pas révélé ce que j’avais tant espéré. C’est vrai que je me sentais un peu mieux mais j’avais toujours du mal à passer sur cet abandon, toujours du mal à tourner la page, si ce n’est à fermer définitivement le livre sur cette partie de ma vie.

Ainsi donc ce matin après une bonne nuit de sommeil, je me levais avec l’intention de sortir, faire le tour de Vienne. Ce n’était pas la première fois que je venais, mais auparavant le temps m’avait manqué. Un brin de toilette, un copieux petit déjeuner, après avoir prévenu l’aubergiste que si on me cherchait je serai sans doute vers le lac, je sortais arpenter les rues et ruelles de la ville avant de me retrouver au lac.

Il faisait bon. Pas chaud mais plus aussi froid qu’il n’avait fait et le soleil aidait à réchauffer ce corps et ce cœur bien transit de froid. Je m’avançais vers l’eau avant de m’asseoir à mesme le sol, de remonter les jambes vers mon torse et d’y enrouler mes bras autour avant de déposer mon menton sur mes genoux. Les yeux rivés sur cette étendue scintillante sous les reflets du soleil, je laissais mon esprit vagabonder. De repenser à l’accueil de cette ville. Etrange accueil. Non pas de tous mais en cet endroit règne une atmosphère lourde et qui n’invite pas l’étranger à rester. Oui je l’avais dit à Elek et à Lara que s’ils n’étaient pas mes amis j’aurai sans doute déjà repris les chemins. Vienne ville divisée, Vienne ville où le voyageur de passage ne semble pas intéresser grandement. Pourtant à regarder ce lac, à visiter la ville, tout semble accueillant … et bien non. Apparemment il faut avoir été intégré pour sentir une certaine chaleur à votre égard. Mais comment se sentir bien si d’entrée on vous ignore ? J’avais l’impression de revenir des années en arrière à Tarbes quand la ville était divisée pour question politique, mais jamais ô grand jamais le voyageur était ignoré à ce point là. Il était accueillis les bras ouverts, on cherchait à l’intégrer, à discuter avec lui… mais ici à Vienne, à part l’une ou l’autre personne on préfère ignorer ou insulter quand on ose exprimer un avis neutre……

Je secouais la tête face à cette incompréhension, quand soudain derrière moi une voix….

Caro de la Rose Noire, est-ce vous la Baronne Caro de la Rose Noire ?

Je décollais mon menton de mes genoux, relevais mon visage tout en me remettant droite sans pour autant me lever. Je tournais ma teste dans la direction des dires. Mais qui donc pouvait m’appeler Baronne ? et pourquoi m’appeler baronne, je ne me présente jamais sous mes titres. Je fronçais les sourcils d’interrogation tout en lui répondant

Oui c’est moi !

Le jeune homme s’avançait vers moi jusqu’à me tendre un parchemin

A l’auberge on m’a dit que je vous trouverai sans doute ici. Une missive pour vous Baronne, elle vient de Lausanne.

Tout en l’écoutant je prenais le parchemin en main. Lausanne ? il n’y a que Fleur et Leonin que je connaisse et qui soient à Lausanne… J’avais prévenu en Franche Comté que je partais à Vienne et qu’en cas de besoin on pourrait m’adresser missive à l’auberge.

Merci jeune homme, je n’ai point d’écus sur moi, mais repassez à l’auberge d’ici deux heures, vous m’y trouverez et je vous paierai votre course

Le jeune homme affichait un sourire

C’est gentil mais j’ai largement été payé pour accomplir ma mission…. Vous ne me devez rien de plus.

De sourire à mon tour

Et bien soit, en ce cas si nous avons l’occasion de nous revoir, je me ferai un plaisir de vous offrir un verre… et encore merci de vous être déplacé jusqu’ici pour me remettre la lettre.

Après quelques courts échanges encore, le jeune homme repartait alors que pour ma part je posais les yeux sur le parchemin. L’écriture était celle de ma Fleur et à cet instant un mauvais pressentiment me gagnait. Je décachetais rapidement pour prendre connaissance de ses écrits

Citation :

Ma chère Caro, ma chère soeur,

Je dois t'avouer qu'il m'est de plus en plus dur de me savoir condamnée et de le cacher à mon époux, mais je refuse de le voir changer à cette annonce et que son amour fasse place à de la pitié. Je préfère finir mes jours à ses côtés sans qu'il se rende compte de rien, profitant de notre amour sans arrière pensée. Nous venons d'arriver à Lausanne, la terre qui m'a accueillie lorsque j'étais une toute jeune fille. Nous résidons près du lac aux poissons volants, dans une simple masure nommée "À la rose et au jardinier". Tu pourras nous rejoindre dès que tu seras libre de l'armée comtoise. Je t'aime ma belle et merci pour tout ce que tu fais pour moi.

Je t'embrasse bien affectueusement.

La lecture terminée je laissais mon bras retomber sur mes genoux la missive toujours en main

Fichtre de fichtre… tout ce temps pour que cette lettre arrive pfffff…. Voilà deux semaines à présent que j’ai quitté cette fichue armée…..

Le cœur serré d’avoir lu ses mots, les larmes me montaient aux yeux. C’est moi qui avait du apprendre à Fleur qu’il n’y avait aucun moyen de la guérir du mal qui grandissait en elle et que la naissance du bébé risquait par la suite d’entrainer rapidement une dégradation de son état… Fleur ma douce Fleur… ma sœur de cœur… pourquoi vais-je devoir te perdre toi aussi ? pourquoi ce monde, cette vie est-elle si injuste ? pourquoi me prend-t-elle toujours ceux que j’aime ? pourquoi ???

Je fermais les yeux, face au lac qui brillait de mille feux, et laissais mes larmes perler sur mes joues

Léonin avait extrêmement bien dormi toute la nuit à tel point qu'il n'avait pas vu passer la nuit. Et le matin, arrivé, alors qu'il dormait pour une rare fois sur le ventre, il rêvait qu'elle lui massait le dos et ensuite elle déposait un baiser. C'est seulement à cet instant, en sentant ses lèvres sur sa peau qu'il se rendit compte que ce n'était pas un rêve mais bien la réalité. Alors avant même de dire le moindre mot, il l'entoura de ses bras pour la ramener contre lui et il lui répondit :

Oui, pour une fois ... Restons au lit, ça ne nous fera pas de mal, surtout à toi j'en suis certain.

A peine eut t-il répondu, qu'il l'attira tout contre lui pour l'embrasser tendrement pendant de longs moments. Il ne lui laissa pas de parler, même lorsqu'elle tenta en reprenant ses lèvres à pleine bouche tout en la caressant du bout des doigts.
Il sursauta lorsqu'il entendit toquer à la porte, il se mit à rire et il se leva, aidant ensuite Fleur à s'habiller et lorsqu'ils furent dans une tenue à peu près présentable, il alla ouvrir. C'était Elie qui apportait le petit-déjeuner. Il lui présenta la table où elle déposa les victuailles et elle sortit. Léonin prépara et les bols et tout ce qu'il fallait pour qu'eux deux puissent manger. Rapidement, après s'être sustentés, plus aucun enfants à leur vue.

Ne soupire pas voyons. On va en profiter pour s'occuper de nous et ... Oui une bonne ballade, ça sera pas mal.

Ils prirent le chemin de l'embarcadère pour une belle ballade sur l'eau, même si il ne se sentait pas trop à l'aise. Il ne lui montra rien, et une fois que la douce ballade à deux fut enfin terminée, il se séparèrent, Fleur devant aller voir Elie. Léonin était heureux, il avait senti depuis pas mal de temps que sa Fleurounette n'allait pas bien, qu'elle était silencieuse, amaigrie. Même si elle faisait tout pour le cacher, même si elle faisait semblant d'aller très bien, il ne se faisait pas trop d'illusions. Elle lui cachait quelque chose, mais il ne préférait pas chercher et pas insister.
Alors, pendant ce temps-là, il flâna au bord du lac puis ensuite un petit passage à son bureau pour répondre aux quelques rares lettres qu'il avait reçues. Le repos, plus rien à penser, plus aucun soucis ou presque, seulement de s'occuper de Fleur et des enfants.
Les jours passèrent à une vitesse incroyable, à surveiller les enfants, à les gronder quand ils faisaient des bêtises, comme tous les enfants de leur âge, jusqu'à l'instant où quelqu'un arriva et qui frappa à la porte. Il alla ouvrir et il fit un large sourire : c'était Caro.

Coucou Caro ! Quelle bonne surprise de te voir ici ? Comment vas-tu ? Entre ... Attends ... Je vais chercher Fleur ...

Il la laissa entrer et il ferma la porte et il fit le tour de la maison pour la trouver enfin et l'inviter à la rencontre de Caro.

Vois qui est là ! !

Comment pouvait-elle rester fâchée? Aussitôt qu'ils furent grondés et qu'ils lui firent la promesse de plus recommencer, les voilà dans ses bras en train de lui faire une bise chacun. Ils savaient y faire les jumeaux, rien à dire oui, ils savaient y faire. Comment leur résister? Ils faisaient fondre ses dernières résistances et avant même qu'elle s'en rende compte, les voilà à courir on ne sait où. Elle se releva avec peine, une douleur fulgurante se fit sentir dans son bas-ventre. Elle réprima un cri de douleur. Heureusement, personne n'était présent et elle venait juste de se relever quand son mari fit son apparition en lui demandant de deviner qui était là.

Elle le regarda étonnée. Elle n'attendait personne ici, hormis sa sœur de cœur... Soudain elle comprit. Elle porta ses mains à sa bouche, embrassa son époux en passant et se précipita vers l'entrée et oui... alors qu'elle voyait deux petits chenapans s'échapper par la porte d'entrée devant une Caro amusée, elle ne put réprimer un cri de joie.

WAOUHHHHHHHHHH! Elle se jeta dans ses bras avant de poursuivre: je suis si heureuse de te voir ici. Si tu savais combien tu m'as manqué. Alors dis-moi comment vas-tu? Cela fait combien de temps que toi et Oli avez quitté l'armée? Cela fait longtemps que vous êtes arrivés à Lausanne? Mais d'ailleurs, il est où Oli?

Elle se tut en voyant l'expression de son amie. Apparemment, les choses avaient bien évolué et n'étaient plus les mêmes entre ses amis. Elle espérait ne pas avoir été indiscrète... elle détestait mettre les pieds dans les plats. Ô pourquoi la vie était si cruelle? Pourquoi ceux qu'elle aimait ne pouvaient pas être heureux tout simplement et vivre en paix?

La porte s’ouvre tout doucement et face à moi Leonin

Citation :

Coucou Caro ! Quelle bonne surprise de te voir ici ? Comment vas-tu ? Entre ... Attends ... Je vais chercher Fleur ...

J’affichais le même large sourire que lui, bien longtemps que je ne l’avais plus vu. J’entrais à son invitation et attendais le temps qu’il aille chercher Fleur quand une petite furie se jetait dans mes bras

Bonjour Tatie, zuis contente de te voir tu sais.

Juste le temps d’ouvrir en grand mes bras, de me mettre à sa hauteur pour lui faire un gros calin. J’ouvrais un bras pour laisser Robin venir me faire un calin à son tour

Bonjour vous deux… mais comme vous avez grandit…

Après une brève discussion avec les jumeaux, Fleur arrivait au moment où les deux petits monstres s’en allaient. Je regardais ma Fleur qui lachait un cri de joie

Citation :

WAOUHHHHHHHHHH! ….je suis si heureuse de te voir ici. Si tu savais combien tu m'as manqué. Alors dis-moi comment vas-tu? Cela fait combien de temps que toi et Oli avez quitté l'armée? Cela fait longtemps que vous êtes arrivés à Lausanne? Mais d'ailleurs, il est où Oli?

Elle semblait bien plus amaigris que la dernière fois que je l’avais vu et ce malgré sa grossesse. Elle n’avais pas bonne mine mais je ne lui montrais rien et la serrais doucement dans mes bras alors qu’elle débitait son flot de paroles. Il n’y a qu’à l’énonciation d’Oli que je me défaisais de l’étreinte pour reculer d’un ou deux pas tout en tenant les mains de ma Fleur dans les miennes. Je soupirais légèrement avant de lui répondre.

Je suis très heureuse de te revoir aussi ma belle, je m’inquiétais beaucoup après ta missive…. D’ailleurs elle a mis un temps fou à arriver pfffff. Sinon ça peut aller, du moins on fait aller. Quant à l’armée nous l’avons quitté mi janvier. Nous comptions voyager un peu, aller voir Lara et Elek à Vienne mais……. depuis fin janvier enfin un peu avant, je n’ai plus eu aucune nouvelle d’Oli, donc non désolée ma belle, Oli n’est pas là…. Et je pense que nous ne le reverrons plus de si tôt si on le revoit……

Enfin bref …. C’est comme ça …. Et je suis venue pour toi ma belle….. comment vas-tu ? comment te sens-tu ?

Répondant au baiser version express de Fleur il la laissa partir. Quoique, ce n'est pas tout à fait exact, vu la vitesse à laquelle elle dégringola les escaliers il fut bien obligé de la laisser passer. Il la suivit et il fit un large sourire, heureux de la voir ainsi, sa belle Fleurounette. D'ailleurs il plaignait la pauvre Caro qui allait passer aux questions. Il n'eut même pas la possibilité d'en placer une, que déjà Caro subissait un interrogatoire en règle, plein de questions les unes derrières les autres ... Enfin, quelques questions seulement.
Caro répondit rapidement, Léonin resta toujours un peu en retrait, profitant pour aller chercher à boire, du Génépi pour lui, plusieurs choix pour Caro, et de la tisane pour Fleur, qui évidemment n'avait pas droit de boire une goutte d'alcool. Il servit les deux femmes, participant un peu à la discussion qui dura, dura, dura ... Trop longtemps à son goût. La nuit avait bien avancé et il proposa à Caro et Fleur d'aller se coucher, enfin.
Alors ils montèrent tous les trois dans les chambres, Léonin présentant celle qui serait celle de son amie tandis que lui et Fleur prenaient la direction de la leur.

Une fois arrivé dans leur chambre tout les deux, Léonin aida Fleur à s'habiller et à se coucher dans le lit. Il la borda soigneusement, avant de se déshabiller à son tour et il s'installa aux côté de sa belle. Puis se retournant et la regardant en souriant, voyant qu'elle était heureuse et qu'elle semblait aller mieux, il lui répondit :

Bonne nuit à toi aussi ma chérie.

Puis il déposa un doux baiser sur ses lèvres avant de la la prendre dans ses bras et de la cajoler tendrement. Contrairement aux dernières nuits, elle s'endormit si rapidement que même lui, qu'elle surnommait la marmotte avec raison peut-être, ne réussit pas à dormir avant elle. Il faut dire qu'il l'avait fait exprès, tentant de résister au sommeil un petit moment jusqu'à ce qu'elle soit dans les bras de Morphée en plus de siens. Mais peu après lui aussi se retrouva à dormir du sommeil du juste.
D'ailleurs il rêvait. On ne sait trop de quoi, ni comment, mais il rêvait comme jamais. Il était couché sur le côté et il dormait la bouche entr'ouverte d'où un mince filet de bave sortait. Et il ne se réveilla pas tout de suite dès que Fleur se mit à hurler. Il croyait que c'était dans son rêve jusqu'au moment où celle-ci lui empoigna le bras avec tellement de force que ce fut la douleur qui le réveilla. Il sursauta et il se retourna, la regardant. Il comprit ce qu'il se passait. Se dépêtrant de son emprise et il se leva d'un coup. Il se mit quelque chose sur le dos et il sortit. Elle n'avait pas besoin de lui expliquer, il savait exactement ce qu'il se passait. Il alla frapper, ou plutôt tambouriner à la porte de la chambre de Caro. Mais à peine eut t-il frappé une fois qu'elle ouvrit la porte, à tel point qu'il failli lui mettre un coup de poing, tellement il était lancé.

Caro, Caro ! Fleur a commencé ... Viens vite !

Puis n'attendant pas, il repartit en courant.

Je vais chercher des linges et de l'eau chaude ... Oui je sais ... C'est ça, hein ?

Il semblait calme mais ce n'était pas du tout le cas. Il descendit les escaliers quatre à quatre.

Revoir ma sœur de cœur et Leonin me faisait le plus grand bien. Le sujet d’Oli n’avait plus été abordé et pour ma part ce n’était pas plus mal. Trop de souffrances que je ne voulais plus avoir à y penser ou du moins le moins possible.

La soirée c’était passée à merveille et j’étais même étonnée de voir à quel point Fleur avait eu bon appétit. Pour ne pas l’embarrasser et ne surtout pas penser à sa maladie non plus, je n’avais fait aucune remarque. Nous parlions de tout, de rien, passions souvent à des rires pour ne pas dire de gros éclats de rire et être ainsi ensemble comme au bon vieux temps était un pur bonheur.

L’heure avait filé à grande vitesse et il se faisait déjà tard quand nous regagnions tous nos chambres. La journée avait été longue pour moi et le manque de sommeil se faisait ressentir. Un brin de toilette et direction le bon lit douillet. Je dormais sans rêve du sommeil du plus juste quand soudain des cris.

D’un bond je me levais prenant mon épée en main, mais lorsque j’avais repris tous mes esprits, je me souvenais que j’étais chez Fleur et Léonin mais donc ces cris ????

Par Aristote !!! Fleur !!!!

Je me dirigeais rapidement vers la porte et alors que je l’ouvrais j’évitais de justesse un bon coup de poing dans la figure. Léonin était entrain de tambouriner à la porte

Citation :

Caro, Caro ! Fleur a commencé ... Viens vite !

Pas le temps de lui dire quoi que ce soit qu’il filait déjà

Citation :

Je vais chercher des linges et de l'eau chaude ... Oui je sais ... C'est ça, hein ?

Je secouais la tête comme pour remettre tout en place et comprendre

Euhhhhh….. oui oui c’est ça et moi je file chercher ma besace et je file rejoindre Fleur dans votre chambre.

De retour dans la chambre je prenais la besace posée sur la table puis direction la chambre de Fleur. Elle était couchée en position du fœtus se tenant le ventre et grimaçant de douleurs. Je m’approchais, posais mon sac au sol et m’asseyais au bord du lit tout en lui posant ma main sur son front déjà en sueur.

Ca va ma belle ? on dirait que le travail à commencé ?.... comment tu sens-tu ? tu as perdu les eaux ?

Je lui parlais doucement et attendais qu’elle me réponde, puis je lui dirai que je l’ausculterai pour voir où nous en étions.

Léonin ne se rendait compte de rien de ce qu'il se passait, ou si peu. Juste ce qu'il voyait et qu'il allait être papa de nouveau. Il était content, enfin pour l'instant, il le savait bien, qu'il le serait moins quand il faudrait changer les langes pleines et remplir le gosier du petit. Mais petit ou petite ? Il ne le savait pas et il le saurait bientôt. Il était trop pressé d'ailleurs quand il se rendit compte que l'eau, comme le disait Caro, serait froide depuis bien longtemps.
Alors il reprit sa bassine et il descendit les escaliers quatre à quatre, tellement vite qu'il laissa tomber la bassine, perdant à nouveau toute l'eau. Mais cette fois-ci il se retrouva trempé jusqu'aux os et il lança un juron que tout le monde dans la maison aurait pu entendre. Il se dépêcha de remettre de l'eau dans le chaudron sur le feu, de remettre à nouveau du bois et de la laisser chauffer. A force il saurait le faire. Puis il remonta les escaliers quatre à quatre. Mais ses pieds nus glissèrent sur le bois trempe et il dégringola les 3 marches qu'il avait montées.
Prestement, il se remit sur les pieds et il remonta à nouveau les marches si dangereuses, en se tenant à la rambarde et il entra dans la chambre. Il se rendit enfin compte que ça ne se passait pas comme prévu et il commençait à se faire beaucoup de soucis, si tant est qu'il était possible de se faire encore plus de soucis qu'à cet instant.

Caro ... Tout se passe bien ?

J'entendis les hurlements comme toute la maisonnée. Je me demandais qui pouvait crier ainsi. J'étais inquiète, je crus reconnaître la voix de maman mais cette voix était si empreinte de douleur et de souffrance que je ne pouvais pas me l'imaginer. Élie fit son apparition dans notre chambre que nous partagions avec elle. Elle vint nous rassurer Robin et moi. Elle entreprit de nous faire la toilette et de nous habiller, nous annonçant que nous allions partir en balade. La journée était belle et ensoleillée, l'air pas trop frais ce qui convenait parfaitement à un déjeuner en pleine nature. Ravie, je m'empressais de me préparer. Nous fîmes une course avec mon frérot et bien entendu je gagnais. Pauvre lui, il se réveillait à peine et moi j'étais déjà une vraie tornade. Je voulus embrasser maman et papounet mais Élie m'en empêcha. Elle me dit que maman avait besoin de repos et que le bébé allait bientôt arriver et qu'il ne fallait pas la déranger. Légèrement désappointée, je l'écoutais sans piper mot, mais une fois qu'elle tourna le dos, je me glissais dans la chambre de maman. Ce ne fut pas facile, Tatie Caro et Papounet se trouvaient devant la porte. Je ne remarquais pas la vive émotion qui les habitait. Tout ce que je voulais c'était embrassé ma maman coûte que coûte avant de partir en promenade. Ils voulurent m'empêcher de rentrer mais quand un hurlement déchirant se fit entendre, ils ne pensèrent plus à moi et entrèrent dans la chambre où je me précipitais. Je voyais maman tordue de douleur, le dos tourné à la porte.

Je m'approchais d'elle et grimpais sur son lit. Je lui pris les mains, en lui murmurant :

"Maman... ma douce maman... tout va bien se passer... tu vas voir tout va bien se passer. Tatie Caro et Papounet sont là pour t'aider à mettre au monde le bébé. Je t'aime tu sais et j'aime pas te voir avoir mal, mais cela ne va pas durer longtemps tu vas voir tout ira bien".

Je l'embrassais fort en lui faisant un gros câlin avant que Papounet ou Tatie Caro, à moins que ce ne fut Élie, j'ai pas fait attention, me prenne dans ses bras et me fasse sortir de la chambre en me disant d'écouter Élie.

Je voulus contester mais maman émettait un autre hurlement et je me disais qu'il était mieux de la laisser se reposer comme Élie m'avait dit un peu plus tôt. Je rejoignis donc mes frères et sœur et nous partîmes en balade. Élie avait fait préparer un panier repas. Nous éloignâmes de la cabane mais pas trop pour qu'en cas d'urgence, nous pûmes rentrer au plus vite. C'était sans compter sur mon envie d'échapper à la surveillance d'Élie et de lui jouer encore un tour à la manière des jumeaux. Pendant qu'Élie était adossée à un arbre en train de faire de la broderie, je chuchotais à Robin de me suivre pour aller voir une famille écureuils qui se trouvaient dans les parages. Je ne sais pourquoi, mon frérot refusa de me suivre cette fois-ci. Il avait l'air inquiet, sans doute les hurlements de maman qui le travaillaient. Je m'éloignais donc seule du lieu où nous avions décidé de déjeuner. Je ne m'étais pas rendue compte combien je m'étais éloignée, mais cela devait être assez loin car je n'entendis plus les voix de mes frères et soeur, ni celle d'Élie. Sans peur, je continuais à avancer. Soudain, j'entendis un bruissement et me retrouvais nez à nez avec trois hommes et une femme. Ils avaient l'air peu recommandables. Ils m'interpelèrent.

Alors fillette, on s'est perdue? Viens là ma mignonne, tu vas voir comment on va prendre soin de toi.

Je restais interdite, je me mis à appeler mon frérot et Élie.

ROBIN! ÉLIE!

Mais avant même que j'appelle de nouveau, un des hommes fondit sur moi et m'en empêcha en ricanant :

C'était une très mauvaise idée d'appeler ma mignonne... maintenant, on va devoir te réduire au silence et t'emporter loin d'ici. Tu ne reverras jamais ta famille! Parole de brigand!

Je tremblais comme une feuille. Je me débattais mais ils me tenaient solidement, assez pour m'en saucissonner. Je réussis en me débattant à décrocher le médaillon qui était accroché à ma chaîne et qui représentait mes parents. Je laissais donc un indice. J'espèrais vivement que mon premier appel fut entendu, que mes parents me retrouveraient. Je m'en voulus de ne pas avoir écouté les maintes recommandations d'Élie qui chaque fois que je disparaissais avec Robin me parlait des voleurs d'enfants... Jamais je ne l'aurai cru jusqu'à ce jour. J'avais toujours pensé qu'elle exagérait. "Élie pardonne moi", pensais-je.

Je voulais revoir maman et papounet. Je le désirais plus que tout surtout en ayant lu la souffrance sur le visage de maman avant de partir. Je fus soulevée et "empaquetée" sur un cheval avec l'un de mes ravisseurs. On chevaucha... chevaucha... si longtemps que je m'endormis sur la croupe du cheval, épuisée à me débattre. Mes pensées avant de sombrer dans un sommeil profond étaient tournées vers ma famille. Me retrouveront-ils?

La porte s'ouvrit à son hurlement. Des pas pressé s'approchèrent du lit. Fleur eut conscience que quelqu'un montait sur son lit, et elle fut surprise d'entendre la voix de sa fille lui murmurer :

Citation :

"Maman... ma douce maman... tout va bien se passer... tu vas voir tout va bien se passer. Tatie Caro et Papounet sont là pour t'aider à mettre au monde le bébé. Je t'aime tu sais et j'aime pas te voir avoir mal, mais cela ne va pas durer longtemps tu vas voir tout ira bien".

Elle ouvrit les yeux et regarda sa petite Flora. Elle était si intelligente pour son âge et comprenait tellement de choses. Elle se rappelait des moments où elle lui avait appris à lire et écrire. Sa fille aimait tellement les livres, qu'elle avait appris en un temps record pour lire par elle-même ces livres qui la faisait tant rêver. Fleur regrettait que sa fille la voit ainsi mais au ton de Flora, elle comprit que ce petit bout de chou était très mature pour son âge. Elle ne savait pas ce qui attendait sa maman, mais elle se voulait rassurante et Fleur en oublia un instant sa douleur et se laisser embrasser et câliner par sa petite fille. Elle aurait bien prolonger ce moment avec celle-ci mais Léo ou Caro ou Élie, elle n'avait pas vu qui était intervenu, prit Flora et la fit sortir de la chambre. Elle poussa un soupir et se rendit compte que son époux était assis auprès d'elle à lui tenir la main. Elle fixa ses yeux et sut que Caro lui avait parlé mais qu'il se refusait d'y croire.... Elle murmura :

Mon amour...

Il lui mit un doigt sur les lèvres...

Alors qu'il discutait ou plutôt était bousculé par la déclaration qui semblait irrévocable de Caro, il ne vit pas que les enfants étaient entrés dans la chambre. Seul un énième cri de Fleur put enfin le refaire revenir à lui. Il entra et il vit un spectacle magnifique, Flora en train de cajoler sa maman. Il n'osa pas pendant quelques secondes agir et interdire quoi que ce soit. Mais, le travail avait commencé, il fallait reprendre. Alors, il s'approcha de la petite et il la prit doucement dans ses bras, lui murmurant à l'oreille :

Maintenant il faut laisser maman. Elle est fatiguée et va falloir que tu sorte ... Tu la verra après, promis.

Puis se retournant, toujours la petite dans ses bras il la laissa à Elie, qui elle aussi était juste à l'entrée et il dit de les laisser seuls et de s'occuper des enfants le temps que l'enfant soit enfin là. Puis il revint auprès de sa belle pour s'occuper. Il s'assit à côté de la tête du lit et il prit la main de Fleur comme pour l'encourager. Il essayer de montrer qu'il n'était pas au courant de la terrible nouvelle, mais en fait il n'y arrivait pas si bien que ça.
Elle tenta de parler mais il l'en empêcha, posant un doigt sur ses lèvres.

Ne parle pas ... Ne te fatigue pas.

Un cri de douleur venait de trancher le silence dans lequel Leonin et moi-mesme étions plongés suite à ma révélation. Vérité que Leonin semblait refuser d’ailleurs, mais le cri de Fleur coupait court à notre conversation et lorsque nous entrions dans la chambre, à mon grand étonnement Flora était à son chevet.

Après quelques mots, Leonin la faisait sortir pour aller lui aussi au chevet de ma sœur de cœur. Je n’avais nulle envie de couper court à ce moment, mais au vu des douleurs de ma Fleur, je me devais de l’ausculter.
Je m’avançais vers le meuble pour verser de l’eau dans une bassine et m’y laver les mains

Leo, Fleur, je m’en veux de devoir mettre fin à votre moment, mais je dois t’ausculter ma belle….

Les mains lavées je me rendais auprès de Fleur, me plaçant de l’autre côté du lit et au moment où je soulevais la couverture…

Ma belle, pourquoi ne pas m’avoir dis que la poche était percée ?

Un regard à Leo

Leo, il nous faut la changer et changer le lit. On ne peut pas la laisser ainsi…..

Puis reposant mon regard sur ma sœur

Fleur… je vais t’aider à te lever, tu vas t’installer sur le fauteuil le temps que j’aide Leo à changer le lit. Te sens tu capable de te changer toute seule ou as-tu besoin de mon aide ?

La poche percée, la naissance ne devrait plus trop tarder du moins je l’espérais, pour elle et le bébé. Plus vite cela irait, moins elle se fatiguerait. Je priais Aristote pour que tout se passe bien…

Léo lui demandait de se taire, de ne pas se fatiguer. Comment lui expliquer que c'était sans doute ses dernières paroles qu'elle prononcerait? Elle allait ouvrir la bouche en guise de protestation mais Caro l'en empêcha, à son tour. En tant que médicastre, elle s'assurait que tout se déroulait parfaitement et avait bien vu que la poche avait percé. Décidément, personne ne voulait qu'elle parle. L'heure était grave... Ne s'en rendaient-ils pas compte? Ne se rendaient-ils pas compte qu'on ne sait pas si elle survivrait à la naissance du bébé et qu'elle avait besoin de jouer les moulins à paroles avant qu'il ne soit trop tard? D'un regard noir, elle les fixa tour à tour et lança avant qu'une autre parole ne sorte de leur gosier :

ARRÊTEZZZZZZZZZZZZZZZZ!!!!!

Elle reprit son souffle et se mit à parler dans un flot tellement rapide qu'ils ne purent en placer une.

Premièrement, oui j'ai perdu la poche des eaux, elle m'a provoqué une douleur si atroce que j'ai hurlé.
Deuxièmement, pendant que vous parliez, toi ma soeur, et toi mon amour, et bien Flora s'est faufilé jusqu'à moi et vous conviendrez que le moment précieux qu'elle m'a offert je ne pouvais l'interrompre.
Troisièmement, mon amour, je sais que tu ne crois pas un mot de ce qu'a pu te dire Caro au sujet de mon état de santé et pourtant elle dit vrai.

Elle se tourna vers sa médicastre pour lui signifier qu'elle avait deviné qu'elle avait tout raconté à son époux. Au lieu d'être furieuse, elle la couvrait d'un regard où se lisait sa reconnaissance car elle s'en sentais elle-même incapable, puis reprit :

Quatrièmement, ce n'est pas en vous énervant et en paniquant que vous allez me rassurer. Je vous fais pleinement confiance car je vous aime. Oui, je vous aime et cela me fend le cœur plus que vous ne croyez de savoir que cet accouchement me sera sans doute fatal.

Elle pivota vers son époux et fixa ses yeux.

Pardonne-moi mon amour, je romps ma promesse de ne point te laisser seul mais je sais que tu seras bien entouré une fois que je ne serai plus... je t'aime... ô oui je t'aime...comme jamais je n'ai aimé. La fatalité ou la malchance qui m'accompagnait sera enterré avec moi... Tu es le seul à avoir conjuré le sort mon amour... pardonne-moi de te laisser ainsi...

Elle ne put continuer. Son visage pâle blêmit encore un peu plus, ses larmes le baignaient pour ne pas dire le noyaient et une douleur atroce lui arracha un hurlement qui l'a fit lever d'un bond :

ARGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!! ÇÇÇÇAAAAAAAAAAAAAAAAAA FAAAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIIIITTTTTTTTTTTTTTT MAAAAAAAAAAAAAAALLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL!!!!!! DONNEZ-MOI QUELQUE CHOSE POUR CALMER CETTE DOULEUR!!!!!!!!!!!!

Le travail commençait réellement cette fois-ci. L'heure n'était plus aux discours. Il était temps de se préparer à la venue du bébé. Fleur se laissa aider par Caro, essayant de regagner un peu d'énergie pour la suite mais aucun répit ne lui était épargné. Une contraction se fit sentir... puis une autre rapprochée mais les choses ne se présentaient pas bien, vraiment pas bien. Il était question de lui faire une incision pour dégager le bébé au plus vite. Apparemment sa survie et celle du bébé en dépendaient....

[Pendant ce temps-là, au pique-nique avec les enfants]

Élie relevait de temps à autre un œil de son ouvrage pour s'assurer que les enfants ne s'étaient pas éloignés. Elle ne vit pas tout de suite que Flora avait disparu. Dans son idée, elle avait l'habitude de voir les jumeaux inséparables et en voyant Robin, elle se doutait que Flora n'était pas loin. Ce n'est que quelques temps plus tard, quand le soleil fut à son zénith, qu'elle remarqua la disparition de la petite fille. Elle venait d'appeler les enfants pour manger, tous avaient répondu à son appel gaiement sauf Flora. Dans un premier temps, elle pensait que Flora lui jouait encore un de ses tours mais en voyant Robin, elle comprit qu'il n'en était rien. Elle s'approcha du bambin et lui demanda doucement où était sa soeur. Robin, penaud, lui murmura :

Sœurette est partie voir une famille de zécureuils. Elle est partie par là - en montrant la direction de son bras - mais cela fait un peu trop longtemps... elle devrait déjà être revenue.

Élie pâlit. Elle fit signe à un serviteur de garder un oeil sur les enfants. Il n'était pas question d'en perdre un autre. Elle se précipita vers la direction indiquée par Robin et appela à s'en rompre les cordes vocales :

FLOOOOOOO...RAAAAAAAAAAAAA!!!! FLOOOOOOO...RAAAAAAAAAAAAA!!!!
FLOOOOOOO...RAAAAAAAAAAAAA!!!

Elle continua à s'éloigner, appelant sans relâche la petite fille. Soudain, elle tomba sur quelque chose qui brillait sur le sol. Elle était bien loin de la clairière au bord du lac léman qu'elle avait choisi. Elle se baissa et prit l'objet brillant. Elle reconnut le médaillon de la petite Flora.... Des traces de chevaux partant au galop se voyaient très bien sur le sol humide. Il y avait 4 chevaux en tout... Élie porta ses mains à son visage et poussa un cri d'effroi. Sa hantise la plus inconcevable venait de s'exaucer... la petite avait été enlevée... Comment allait-elle dire cela à son maître et à sa maîtresse? Surtout à Fleur qui devait succomber bientôt selon les bribes de conversations qu'elle avait entendues entre le Vicomte et la médicastre? Pourquoi le Très-Haut avait décidé d'éprouver une fois encore cette famille qui voguait vers le malheur funeste de la disparition de Ma Dame?

Il le fallait pourtant, il fallait que la gouvernante qu'elle était se ressaisisse. Plus tôt, elle préviendrait le Vicomte, plus tôt une battue serait ordonnée et la petite Flora retrouvée. Elle courut jusqu'à la clairière. Elle ordonna au serviteur de s'occuper de ramener les enfants sains et saufs à la maison avant de disparaître à nouveau pour les devancer vers la maison.

Une fois arrivée à l'étage. Élie ouvrit la porte sans frapper d'un coup si prompt et puissant sur l'instant qu'elle se fracassa contre le mur. Fleur semblait endormie, Caro en plein travail d'opération, Léonin épongeant le front de Fleur et nettoyant le sang laissé par les incisions de Caro. Tous les deux sursautèrent. Une chance que Caro avait le bras en l'air, car elle aurait pu blesser sérieusement son amie sous le coup de la surprise. Elle s'approcha vivement de Léonin, le sommant de la suivre pour une question de vie ou de mort.

Messire! Pardonnez moi mon audace, mais je dois m'entretenir avec vous d'une question d'une urgence capitale tenant à la vie ou à la mort.

Léonin tant perplexe que furieux d'être dérangé en pleine opération de sa belle la suivit mais c'était pour lui passer un de ces savons, sauf qu'Élie ne lui en laissa pas le temps.

Messire le Vicomte, Flora a disparu. Tout me porte à croire qu'elle a été enlevée. Voici son médaillon que j'ai retrouvé près de l'endroit où des traces fraiches de chevaux partant au galop étaient visibles. Messire, je ne voulais pas que Ma Dame le sache, surtout après avoir appris qu'elle pourrait succomber à la naissance du petit. Messire, je vous en prie, il faut la retrouver, lancer une battue, que sais-je! Je vous en supplie.

Elle le regardait, sous le coup de l'émotion. Complètement paniquée. Elle culpabilisait énormément de ne pas avoir remarqué la disparition de la petite avant...si quelque chose devait lui arriver, elle ne se le pardonnerait jamais...

Fleur avait l’intention de s’exprimer et plus rien ne pouvait l’arrêter. Elle en arrivait même à ce que j’en ai les larmes aux yeux au point de tourner la tête pour qu’elle ne s’en aperçoive pas, ni Léonin d’ailleurs.

Mais par la suite tout s’enchainait très vite. Une nouvelle contraction des plus fortes faisait lâcher un cri de douleur vous transperçant le cœur. Ma sœur souffrait de plus et il me fallait l’aider du mieux que je pourrai. Les contractions s’enchainaient les unes après l’autre, ne laissant aucun répits ni à Fleur ni à moi-même. J’étais tellement affairée que je ne m’étais même pas rendu compte que Léonin avait quitté la pièce d’ailleurs avais-je seulement entendu l’arrivée d’Elie ?

J’auscultais ma douce sœur et me rendais compte que le bébé ne se présentait pas bien…. Il ne me restait pas d’autre solution que d’inciser Fleur lors d’une prochaine contraction, mais avant devais-je la mettre au courant ou non ? Après tout elle avait le droit de savoir et lors d’une courte pause entre deux douleurs ….

Ma Fleur, ma douce sœur….. Le bébé se présente par le siège…. Il va te falloir donner plus de force que la normale… profite au maximum pour récupérer entre chaque contraction

Voilà ce que je lui avais dit, mais je craignais… allait-elle avoir suffisamment de force pour expulser le bébé ? Si tel n’était pas le cas …. Non non et non, il n’était pas question que je les perde, il en était hors de question. Ils survivraient… Par Aristote, ne me faite pas ça !.... laissez les moi en vie….

La porte s’ouvrait, ma tête qui se tournait et je voyais Léonin entrer….

Je ne t’avais pas entendu sortir…. Tu vas bien Leo ? ….. Je …. Je viens d’annoncer à Fleur que le bébé se présentait en siège…. Il va falloir l’aider et pousser sur son ventre pour qu’elle se fatigue moins….

Je taisais volontairement la suite, ne voulant surtout pas l’alarmer quant aux conséquences si elle ne pouvait pas le faire…. A peine le temps de terminer ma phrase que Fleur hurlait à nouveau

Leo… vite… viiite appuie sur le ventre et pousse vers le bas… aide le bébé Leo, aide Fleur !

J’étais à suivre l’avancée et voyais les petites fesses du bébé. La prochaine contraction si tout se passait bien, serait celle de la délivrance.

Leo avait beau aider, la progression du bébé étaient lente. Sans compter que Fleur ayant perdu en force, en poids et d'origine n'étant pas très large des hanches, tout ceci regroupé n'aidait pas du tout le bébé à sortir alors qu'il avait décidé de se presenter par ses petites fesses....

Je commençais à transpirer et alors que Léo poussait, que je passais la manche de ma chemise sur mon front pour m'éponger et que je voyais enfin le bébé progresser vers la sortie, ne manquant plus qu'un ou deux centimètres pour que je puisse le saisir et aider à venir au monde...... ma fleur sombrait dans l'inconscience.

Mon regard allait de Leo, au bébé pour revenir sur Leo

Fichtre de fichtre Leo.... manquait plus que cela..... cherche moi le flacon de sels sur la table, débouche le et passe le sous le nez de Fleur. Elle doit reprendre conscience très vite Leo.... le bébé va mal aussi, il est coincé..... je dois le sortir au plus vite sinon..... au pire tu me la giffle si les sels suffisent pas....

Je poussais un long soupir mais là deux vies étaient entre mes mains et je commençais vraiment à m'inquiéter

Désolée Leo mais on a pas le choix, faut que dans la minute qui arrive elle ait repris connaissance....

Non hors de question, pas si près du but.... non non et non ... voilà les mots que j'étais entrain de hurler dans ma tête alors que doucement tout doucement j'essayais de faire glisser le bébé hors du ventre de sa mère. Mais sans une poussée de la mère je n'y arriverai pas, je le savais

Fleur était à bout de forces, à bout de souffle et pour ainsi dire à bout de vie. Le petit Arthur était né, elle avait puisé dans ses dernières forces pour qu'il finisse par sortir sain et sauf. Elle savait qu'elle pouvait désormais quitter cette vie à tout instant, puisque leur fils était en sécurité et plein de vie. Bien entendu, elle ne pouvait s'y résoudre mais elle savait que sa route se terminait ici, dans cette pièce, maintenant et à jamais. Elle désirait dire tant de choses aussi bien à Léo, qu'à Caro et même à son bébé, mais elle se demandait si elle en aurait le temps. Elle appelait Léo, Caro venait de lui déposer un baiser sur le front en lui chuchotant qu'elle allait le chercher.

Son tendre époux la rejoignit en deux trois mouvements, avec leur fils dans les bras. Il lui mettait bien en vu Arthur... Elle l'en remerciait intérieurement, mais pour le moment c'était à son époux qu'elle désirait parler. Une minute de silence se fit, elle savourait le bonheur d'être avec son époux et son fils... mais au bout de cette minute, sachant son temps compté, elle demanda à son époux de confier Arthur à sa soeur de coeur. Elle devait se livrer une dernière fois à lui avant de rendre son dernier souffle qui viendrait une fois qu'elle aurait pris son fils une dernière fois dans ses bras.

"Léo... mon tendre amour, je...regrette tant... de devoir t'abandonner ici et maintenant avec notre fils mais Aristote me rappelle à lui."

Léo cherchait à la faire taire mais elle lui intima de la laisser parler sans l'interrompre.

"Mon amour...je sais que Flora a disparu... je sais qu'elle ne court néanmoins aucun danger... que les gens qui l'ont enlevés vont connaître un mauvais sort... mais surtout elle sera loin, loin très loin de l'Helvétie et de la Franche-Comté... Je te supplie de la retrouver et de prendre soin d'elle, fais en sorte qu'elle ne souffre jamais de ma disparition... qu'elle soit heureuse... Promets-le moi! Mon heure est arrivée... j'aurai tant de choses à te dire... mais je sais que je n'aurai pas le temps de toutes les dire. Alors sache que je t'ai aimé, que je t'aime et que je t'aimerai à jamais et par-delà la mort. Prends soin de notre famille, protège les de tout danger, n'aie pas peur de guerroyer contre les stupidités de ce monde et les gens assoiffés de pouvoir, n'aie pas peur de perdre un titre, car ce n'est pas un titre qui fait un grand homme mais sa grandeur d'âme. Je veillerai sur vous quelque soit l'endroit où Aristote m'enverra. Je vous aime... je t'aime n'en doute jamais même si un jour on te dit le contraire..."

Elle avait dit ces mots avec la dernière ferveur dont elle était capable... elle avait serré sa main si fort qu'elle avait failli broyer ses os... mais il devait comprendre ce qu'elle venait de lui dire. Elle lui laissa quelques instants pour réagir à ses paroles avant de tourner la tête vers Caro et de lui demander de s'approcher elle aussi.

Léo reprit le petit Arthur dans ses bras, le visage baigné de larmes. Caro s'assit à son chevet et prit sa main.

"Caro... ma chère Caro... ma sœur de cœur... nous en avons traversé des tempêtes ensemble... nous nous sommes toujours relevées... mais je crois que cette dernière tempête m'emportera pour de bon. Veille sur Léo et les enfants... tu es celle en qui j'ai le plus confiance en cette terre et je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. La vie n'a pas été toujours juste avec nous... je sais que tu en vivras d'autres des épreuves... mais sache que quelque soit où je serai, je veillerai sur toi et t'épaulerai dans tous les moments difficiles que tu auras à vivre. Je te promets être toujours là pour toi quand tu en auras le plus besoin. Je t'aime ma belle et une chose est sûre j'aurai aimé avoir une soeur qui te ressemble. Je suis triste de ne pouvoir dire au revoir à tous nos amis et ma famille mais je sais que vous porterez mes belles pensées pour eux autres. N'oublie jamais... même si mon corps n'est plus mon âme subsistera. Ma belle..."

Elle s'interrompit, laissant ses larmes coulées jusqu'à plus soif, regardant sa chère Caro, la laissant exprimer ce qu'elle aussi avait lui dire... et appela une dernière fois Léo qui accourut avec le petit dans les bras. Elle leur demanda de l'aider à se redresser et de mettre Arthur dans ses bras. Tandis qu'ils s'exécutaient, elle les observa, ils étaient tout à l'envers, blêmes, retenant avec grand peine leur chagrin mais ils savaient désormais qu'elle devait les quitter, que c'était l'heure des derniers adieux...

Fleur approcha son visage du petit Arthur et lui murmura ces douces paroles :

"Mon beau bébé, mon cher Arthur... te voilà enfin arrivé... malheureusement, je ne te verrai pas grandir mais sache que je veillerai sur toi... sur ton papa et tes soeurs et frères et ta tante... oui je serai là pour vous dans vos coeurs. Je t'aime mon bel enfant, sois fort, soit grand, soit le meilleur de tous les fils mais impitoyables avec ceux qui te voudront du mal, ne te laisse pas faire, soit un guerrier si la guerre en vaut la peine, soit un intellectuel si tes idées peuvent changer la face du monde. Ne doute jamais que ta maman t'aime..."

Elle haletait désormais, elle n'avait plus la force de tenir son bébé contre elle, elle lui offrit un dernier baiser avant que Léo ou Caro le lui reprenne... Elle prit une dernière fois la main de chacun d'eux, et leur murmura :

"Je vous aime...pardonnez-moi..."

Elle ferma les yeux... ses mains retombèrent inertes sur le lit..., son visage exprimait un dernier sourire au milieu de ses larmes taries, elle venait d'exulter son dernier souffle... Fleur n'était plus... elle avait eu le temps d'exprimer son amour à son mari, son fils et sa sœur de cœur qui eux effondrer, veillaient sur son corps sans vie. L'histoire de Fleur devait s'arrêter là au grand désespoir de ceux qui l'avaient côtoyée et aimée.

Tout en m'occupant de ce petit ange qui venait de naitre que je pouvais entendre quelques mots de ma douce amie. Lorqu'Arthur était propre et bien habillé, je m'en retournais vers le lit de Fleur. Je n'avais qu'une envie lui dire d'arrêter de parler de la sorte, lui dire qu'elle allait se remettre et qu'elle verrait grandir ce fils qu'elle venait de mettre au monde, qu'elle verrait tous ses enfants grandir.

Sa tête se tournait pour me parler alors que je redonnais le bébé à Leo. Je m'asseyais à ses côtés sur le lit, la laissant parler. Je, elle, elle et moi savions que oui elle avait raison, la fin de vie arrivait et la médiscastre que j'étais ne pouvait rien faire contre la volonté du Très Haut. Je ravalais mes larmes, mais par Aristote qu'il était difficile de ne pas se laisser aller.

Ma Fleur, ma douce, ma soeur... je n'ai pas envie de te laisser partir, je n'ai pas envie que le Très Haut te rappelle à lui, non il n'a pas le droit. Tu es ma soeur, mon amie, ma confidente. Tu as toujours été là pour moi et j'ai tenté moi de faire de mon mieux. Mais je te promets de veiller sur tes enfants.... je te promets d'être là pour ceux qui tu aimes... je te....

Je ne ne pouvais plus parler, la gorge était tellement serrée que plus un mot ne sortait et mes larmes accompagnèrent celle de Fleur. Non je ne pouvais pas craquer maintenant, pas maintenant alors qu'elle faisait ses adieux. Je me penchais vers elle et lui déposait un énorme baiser sur la joue tout en lui murmurant "je t'aime ma soeur, tu vas me manquer, tellement me manquer"

Je me redressais pour qu'elle puisse voir son fils, le prendre dans ses bras et lui faire ses adieux. Tout ces mots me déchiraient le coeur et l'âme. Puis la voyant haleter, je lui reprenais Arthur dans le but d'aller le coucher dans son petit lit, mais pas le temps. Fleur reprenait ma main et alors que j'allais lui serrer très fort je sentais la vie la quitter.

Je secouais vivement la tête, non non non. Je me levais pour aller mettre Arthur dans son lit et revenait avec un miroir que je plaçais sous son nez et sa bouche... Rien.... J'écoutais son coeur avant de me redresser, de regarder Léo et ne pouvait rien dire, mes larmes, la tête qui se secoue négativement lui indiquait que c'était terminé.

Et là plus rien ne pouvait retenir le torrent de larmes qui se déversait sur mes joues, la douleur qui me déchirait bien plus encore le coeur et l'âme. Je m'asseyais sur le bord du lit et prenait Fleur dans mes bras.

Adieu ma belle, repose en paix.

Je la reposais tout doucement avant de me lever du lit de rester là à regarder Léo.

Excuse-moi je dois sortir, je reviens.... je suis tellement désolée Leo, tellement ...

Je sortais en courant de la pièce, de la maison pour laisser hurler ma colère, ma rage, ma douleur